Boran vit le jour dans un petit village à l'est de l'Armalie, nommé Sucre. Sa mère s'appelait Alis. Elle était très belle, les cheveux châtains, longs jusqu'à la poitrine, les yeux pétillant de vie, arborait un sourire radieux et charmeur, sa robe orange flottait autour d'elle. Comme chacun, elle possédait un modeste pouvoir, celui de ramener les fleurs fanées à la vie. Ce don l'avait naturellement amené à être fleuriste.
Son père, quant à lui, était un homme grand et élancé, les cheveux noirs longs jusqu'aux épaules noués en une courte couette, le regard chaleureux, le visage serein, une fine mais puissante musculature dissimulée sous une légère tunique noire. Son pouvoir consistait à chanter fort et juste sans crainte de subir une extinction de voix. Il devint donc guide dans une compagnie de voyages à dos de Pétaures.
Boran vécut une enfance joyeuse, passée en compagnie de cinq amis ; Boulet, un garçon grassouillet, Loufoc, qui avait toujours raison ce que ses amis trouvaient bizarre, Parres, le plus paresseux du groupe, la ravissante Lilya, que Boran aimait plus qu'une amie, et Sali, jalouse par l'amour que Boran portait à Lilya. Ensemble, ils jouèrent de tout leur souffle, toute leur enfance. Leurs jeux préférés étaient aussi ceux qui embêtaient le plus les habitants du village : attacher des casseroles à la queue des animaux et leur courir après tout en chahutant plus fort que le bruit des casseroles, boucher les égouts de la ville, modifier les fiches de cour du sage Sirak qui faisait aussi office d'instituteur, chanter très fort et surtout très faux aux oreilles des Pétaures du village. Ce jeu fut de loin le plus embêtant pour les commerçants du village car les bêtes appartenaient aux livreurs. A cause de ces chants incessants, les Pétaures ne savaient plus où en donner de la tête et qui finissait par s'immobiliser au moindre chant.
Boran découvrit son don à huit ans, alors que l'un de ses ennemis le menaçait, lui et ses amis avec un couteau, il fixa la lame qui se ramollit totalement, sous les yeux éberlués du malfrat et les éclats de rire de ses amis. Ses parents le félicitèrent mais il le grondèrent encore plus car il mettait un point d'honneur à utiliser son pouvoir sur tout les objets métalliques de la maison.
Boran avait un cousin qui vivait dans une des baronnies d'Hédulie et qui était un ami du fils du baron Kéraine. Il y allait une fois par an avec son père et sa mère. Son père voulant absolument rendre son pouvoir utile les obligeait à faire le voyage à dos de Pétaure, ce qui ne les écourtait pas. Boran adorait son cousin et s'entendait bien avec son copain.
Boran grandit puis vint le jour de choisir un travail. Il fut accepté par le forgeron du village, mais faillit être viré lorsque deux de ses meilleurs lames devinrent caoutchouteuses, complètement inoffensives. Après la mort de Sirak, Loufoc devint le nouveau sage du village et changea de prénom "pour mon respect" disait-il. Boulet ouvrit un excellent restaurant "Au Troll Grassouillet", et Paress ne trouva pas de travail. Lilya et Sali non plus et continuèrent d'habiter la maison de leurs parents.
***
On frappa à la porte de la chambre de Boran. Elle s'ouvrit devant son père qui portait une enveloppe à la main.
"Ça vient des Baronnies."
Boran se saisit de l'enveloppe et reconnut le sceau qui la maintenait fermée ; celui du baron Kéraine. Le jeune homme brisa le cachet avec fébrilité, il n'avait pas revu son cousin depuis des années ! Le revoir lui ferait chaud au cœur. Il ne savait pas encore dans quelles circonstances ils allaient se rencontrer...À l'intérieur de la lettre se trouvais un vieux parchemin fripé, une lettre écrite hâtivement :
Cher cousin,
Je te sais gens de magie et un ami fidèle. En tant que bras droit du fils du baron Kéraine, assiégé par le baron Donge, je te demande ton aide en espérant une réponse positive.
Sincèrement tiens,
Gran, ton cousin.
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